Tracteur à poules: Un poulailler mobile léger
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Introduction:
Un poulailler mobile léger à faire soi-même
Cela fait plus d’un an que mon premier prototype (http://www.arpentnourricier.org/la-fabrication-dun-tracteur-a-poules/) de tracteur à poules est entré en service. J’ai eu l’occasion de constater ses mérites, mais surtout ses gros défauts. En deux mots : il était beaucoup trop lourd, et les poules souffraient du froid en hiver.
J’ai donc décidé d’en faire un nouveau, en m’inspirant à nouveau des exemples trouvés sur la galerie de Katy (http://home.centurytel.net/thecitychicken/tractors.html), mais en innovant réellement grâce aux enseignements de la première expérience.
Step 1:
Spécifications
Plutôt que d’épiloguer sur le pourquoi du comment, faisons la liste de mes spécifications :
- poids minimisé — pour pouvoir déplacer le poulailler tous les jours.
- prise au vent faible — le vent d’autan peut souffler à 120 km/h sur notre colline
- essieu avec une paire de roues — pour faciliter l’avancement sur terrain inégal
- l’essieu doit être amovible — pour que la structure plaque bien au sol
- centre de gravité décalé du côté de l’essieu — pour que la majorité du poids porte sur les roues
- bois massif — les panneaux vieillissent toujours plus mal
- aucun plancher — pour éviter la corvée de nettoyage
- dimensions 2m50 x 1m25 — superficie pour quatre poules naines, avec la même largeur que mes planches de culture
- quartiers d’habitation fermés sur tous les côtés — pour les froides nuits d’hiver
- possibilité d’enfermer les poules dans la partie habitation — pour les attraper facilement sans avoir à rentrer dans le poulailler
- nids au sol — les poules préfèrent pondre par terre
- perchoirs pas hauts — pour éviter les blessures aux ailes des poules qui sautent dans la pénombre
- parcours grillagé non couvert (ou seulement partiellement couvert) — pour augmenter la luminosité apparente l’hiver
- porte coulissante côté parcours — pour pouvoir entrouvrir à peine quand on donne à manger / pour permettre un faible recul / pour éviter que les poules marchent sur le grillage quand on laisse ouvert pendant la journée
- porte coulissante côté habitation — pour les mêmes raisons, et aussi pour pouvoir récupérer les œufs en n’ouvrant qu’à peine
- flexibilité en torsion — pour épouser le terrain quand le sol n’est pas plan
- éléments modulaires facilement remplaçables — structure, portes et toiture s’usent avec le temps : on doit pouvoir remplacer facilement quand le besoin se fait sentir.
Déclinons maintenant ce cahier des charges dans les caractéristiques détaillées des différents éléments.
Step 2:
Structure
La structure en treillis triangulaire est incontournable. C’est ce qui est le plus rigide pour le plus faible poids. La pente est libre ; j’ai choisi 50° pour avoir un peu de hauteur et pour que la longueur des chevrons corresponde à la largeur du grillage que j’avais (95cm), mais je pense finalement que 45° est probablement le plus simple pour l’usinage. Si l’on s’exprime en vocabulaire de charpente, j’ai deux sablières (qui servent de patins), cinq fermes supportant une faîtière, et trois entraits pour tenir l’écartement des sablières-patins.
Step 3:
Structure
Du côté opposé à l’essieu, la faîtière dépasse largement afin de servir de poignée de traction. Les sablières dépassent d’une vingtaine de centimètres à l’avant avec une forme de patins. A l’arrière, elles dépassent un peu aussi afin de pouvoir placer l’essieu dans le talon.
Step 4:
Structure
Les entraits ne font pas la même hauteur que les sablières pour moins racler au sol quand déplace le poulailler : ils sont donc écartés du sol d’un à deux centimètres.
Des équerres sont prévues aux quatre coins pour renforcer le tout.
Les fixations sont par vis. Il y aurait trop de travail à faire des fixations par tenon-mortaise pour une structure exposée aux éléments et dont la longévité n’excède probablement pas dix ans. Si les vis ne s’oxydent pas trop, on pourra même les récupérer.
La distance entre les fermes est d’une soixantaine de centimètres.
Step 5:
Quartiers d’habitation
La qualité principale de ces quartiers d’habitation est de ne pas avoir de fond. Il n’y a donc aucun nettoyage à faire. On profite des déjections des oiseaux en cultivant derrière le passage du poulailler. Dans les endroits où l’on peut davantage craindre que des prédateurs creusent sous le cadre et s’introduisent nuitamment, on devrait pouvoir rajouter un grillage fort à mailles fines par en-dessous — qui pourrait se nettoyer d’un simple coup de jet.
La dimension de 60cm x 120cm permet d’y loger 3 fois soixante centimètres linéaires de perchoirs, et deux nids. Les nids sont simplement des planchettes fixées à 45° dans les angles, du côté de la porte. A ce titre, ils participent à l’équerrage. Eux non plus n’ont pas de fond : on les remplira de paille.
Dans le haut de cet espace, je compte mettre un jour un réservoir pour un système d’abreuvoir automatique, afin qu’il soit un peu à l’abri du soleil, de la chaleur et du gel.
Step 6:
Toiture
La toiture ne couvre que les quartiers d’habitation ainsi qu’une petite partie du parcours. J’ai en effet remarqué que tant qu’il ne pleut pas des cordes, les poules ne cherchaient pas à se mettre à l’abri. En ne couvrant que partiellement, on réduit le poids de la structure, on augmente la luminosité apparente (ciel clair au lieu de toiture sombre au-dessus des oiseaux) ce qui peut améliorer la ponte en hiver, et on diminue l’impression d’enfermement (au moins du point de vue anthropocentrique).
La toiture n’est pas en bardeaux (trop lourd à cause des liteaux et du recouvrement), mais en planches. J’ai décidé de ne pas border les planches à clins pour éviter les courants d’air à travers les marches que ça crée du côté des pignons. Les planches sont donc posées bord à bord, et pour éviter trop d’infiltrations de la pluie, j’ai biseauté les chants à 45°.
Les planches auront un peu plus d’un centimètre d’épaisseur. Comme il n’y aura plus de recouvrement, le poids au mètre carré de la nouvelle couverture sera deux fois moindre que pour le premier prototype. Et comme il y aura environ deux fois moins de surface couverte, cela réduit le poids total de la toiture de 75%.
Pour limiter le nombre de vis et pour éviter de les fendre au bout, elles sont clouées sur la structure avec des pointes fines. Une variante plus élégante serait de les visser sur des tasseaux, et ensuite de visser les tasseaux sur la structure (mais cette approche demande de prépositionner les tasseaux très minutieusement).
Step 7:
Cloison et trappe
La cloison entre la partie habitation et la partie ‘parcours grillagé’ sert à protéger des courants d’air, et la trappe permet de garder les poules enfermées au besoin.
J’ai prévu une trappe coulissante parce que ça me semblait le plus simple technologiquement (pas besoin de charnières). La trappe se manipule au moyen d’une tirette rigide plutôt que d’une ficelle pour éviter que ça coince à cause des frottements. La porte étant décalée sous la partie abritée, la tirette se retrouve opportunément du côté grillagé : elle coulisse dans une maille du grillage. Je ne pense pas qu’il y ait besoin de verrou : les frottements bois-sur-bois seront suffisamment forts pour que les animaux n’arrivent pas à ouvrir par inadvertance (et tant qu’on ne met pas des gênes de perroquets dans l’ADN des poules, il n’y a pas de danger qu’elles comprennent le concept de porte coulissante).
Step 8:
Porte à œufs
De l’autre côté des quartiers d’habitation, il y a la porte donnant sur l’extérieur. Elle sert essentiellement à accéder aux nids pour aller chercher les œufs. Comme elle est coulissante, on peut se contenter d’entrebâiller à peine : un enfant peut aller chercher les œufs sans risquer de laisser s’échapper les poules. Et comme elle coulisse des deux côtés, on peut aller chercher alternativement les œufs de chaque côté. En ouvrant à peine plus, on a accès à tout l’intérieur des appartements des poules et éventuellement attraper celle que l’on veut.
On peut aussi faire coulisser la porte totalement pour l’enlever, et on peut même l’escamoter comme une vitrine de bibliothèque s’il n’y a pas le recul nécessaire à droite ou à gauche pour la faire coulisser en totalité. Ceci est utile pour nettoyer ou aménager l’intérieur, ainsi que pour remplacer la porte.
Step 9:
Porte grillagée
A l’opposé du poulailler, au bout de la partie ‘parcours grillagé’, il y a une autre porte, grillagée celle-ci. Elle sert à donner la nourriture, et à ouvrir aux poules si on veut les laisser gambader en journée. Elle est aussi coulissante. Elle n’est pas assez grande pour qu’un adulte y passe facilement : si l’on veut attraper une poule, il faut lui faire peur pour qu’elle se réfugie dans la partie ‘habitation’, puis fermer la trappe, et utiliser la porte à l’autre bout. (note : j’ai essayé — ce n’est pas gagné).
Si l’on veut accéder partout (les poules étant sorties) on peut simplement retourner le poulailler sur son flanc, et tout est à portée de main.
Step 10:
Plan détaillé, usinage et assemblage
Le plan détaillé est disponible sous forme d’un fichier Sketchup (logiciel de dessin 3D gratuit), que vous pouvez télécharger en cliquant sur le lien ci-haut (chickenark.skp) :
Pour l’usinage et l’assemblage, je laisse le soin à chacun de le réinterpréter à partir du dessin 3D. En effet, tout le monde ne dispose pas de la même machine à bois que moi, et tout le monde ne souhaite pas forcément travailler à partir de planches brutes.